Les journées d'été des Verts : bientôt trente-cinq ans d'histoire !

th-1019766240-868x649.jpg

Les Journées d'été des Verts (ou JDE) dont la première édition a eu lieu en 1986 sont un événement qui rythme la vie militante des Verts depuis bientôt 35 ans. Voici quelques éléments et documents sur ces rencontres incontournables.

 

Une histoire commencée en 1986

Dès le départ, les journées d’été (JDE) constituent un moment structurant pour la vie interne du parti Les Verts (puis d’Europe Écologie Les Verts), particulièrement pour les commissions qui ont l’habitude d’y tenir leurs assemblées générales. C’est par exemple lors des premières journées d’été de 1986 à la Chapelle-des-Bois qu’est créée, autour de Solange Fernex, la « Commission femmes » des Verts. Cette même commission adopte, à l’initiative d’Andrée Buchmann, lors des journées d’été de Saint-Front en 1988, une motion qui conduira à l’inscription du principe de la « parité » pour les instances internes et les candidatures aux élections dans les statuts des Verts en 1989 (voir : Laure Bereni, Les mobilisations pour la parité politique en France, thèse de science politique, 1997).

 

Quelques événements marquants

Ces journées, ce sont aussi celles d’un mouvement politique qui souhaite en faire un moment marquant de l’actualité au sortir de la torpeur estivale. Ainsi, pour les 10 ans des JDE en 1996 l’édition de Sanguinet dans les Landes, avec sa plénière réunissant autour des écologistes les leaders du PS et du PCF, Lionel Jospin et Robert Hue, fait partie des étapes importantes de la constitution de ce qui allait devenir la gauche plurielle. En 2008, à Toulouse, alors que François Hollande fait partie des invités de marque, c’est le lancement du mouvement Europe-Ecologie qui permet de faire des JDE un événement qui compte parmi les rendez-vous de la rentrée politique.

Aux JDE, que ce soit lors des ateliers, forums, plénières, lors des réunions planifiées autour des commissions, ou des réunions impromptues autour de la buvette ; on se rencontre, on se confronte, on apprend, on s’informe, on discute, on échange, on débat, on s’alpague, on s’enrichit mutuellement, on co-construit, parfois on se scinde, parfois on s’agglomère, parfois on s’accorde sur ses actes, d’autres fois on acte ses désaccords, on vient rendre des comptes ou en réclamer, parfois certain-e-s viennent vendre des livres et il arrive que certain-e-s les achètent, parfois on tente d’utopiser les réalistes, d’autres fois on tente de réformer les idéalistes, mais toujours et surtout, on continue la lutte. Car parcourir l’histoire des JDE c’est aussi revisiter les combats qui ont structuré le mouvement écologiste depuis 30 ans. En 1991, lors de l’édition de Saumure, les jidéistes organisent un grand rassemblement contre le retraitement des déchets nucléaires. Deux ans plus tard, à Macon, le point d’orgue des JDE n’est autre qu’une manifestation contre le projet de canal Rhin-Rhône. Lorsque Jacques Chirac, nouvellement élu à la fonction suprême en 1995, relance les tests de l’armement atomique français dans le Pacifique, les jidéistes qui se sont réunis en terre pietrasantaise à Mèze dans l’Hérault, défilent en brandissant une grande banderole noire sur laquelle se détachent en lettres blanches « Avec Les Verts NON aux essais nucléaires ». Lors de la première édition Toulousaine des JDE – celle de 2004 – les militants organisent une descente dans un hypermarché où ils apposent sur toute une série de produits des étiquettes « Ce produit contient des OGM ! – Les Verts pour une planète sans OGM » (photographie ci-dessous issue du fonds Serge RIVRET).

 

Avec l’édition 2006 à Coutances dans cette « presqu’île au nucléaire » qu’est le Cotentin, les militants donnent à voir leur présence par un « die-in » en centre-ville pour protester contre l’EPR de Flamanville (photographie ci-dessous issue du fonds Serge RIVRET).

 

 

De l’édition de Clermont-Ferrand en 2011, on retient dans la même veine, entre autre, le double mariage gay organisé par les Jeunes Écolo – et bien entendu célébré par Noël Mamère – pour dénoncer l’interdiction du mariage entre personnes du même sexe.

 

Moments de convivialié et moments studieux

Ce qui fait la force des JDE, c’est qu’elles opèrent sous le sceau de la convivialité, et l’éclectisme de ces journées doit beaucoup à l’attachement de tous à l’entrain festif. Les soirées décontractées comptent autant que les ateliers studieux de la journée (photographie ci-dessous des JDE de Quimper en 2007, issue du fonds Serge RIVRET).

Les comptes rendus de mandat sont d’autant plus appréciés que l’on sait que l’on peut partager un verre avec l’élu-e à la buvette par la suite. Quand le parti fête ses 30 ans pendant les JDE de Bordeaux en 2014, l’assistance écoute avec attention la plénière à laquelle ont été convié-e-s les anciens secrétaires nationaux-ales du mouvement. Mais ce que les militant-e-s racontent en rentrant chez eux, ce sont les blagues du « Cochet Comedy Club » et les résultats des « Castors d’or ». De la même manière, les JDE ce sont des moments de vie qui vont parfois au-delà de la simple sphère militante ; on en tient pour preuve les demandes de mariage qui ont émaillés les différentes éditions, qu’elles soient formulées directement au micro ou de manière plus discrète par l’entremise d’une petite annonce dans un quotidien national de gauche.

On ne s’étendra pas non plus sur ces familles d’adhérent-e-s étalées sur trois générations (grands-parents, enfants, petits-enfants) pour lesquelles les JDE constituent le principal point de rendez-vous familial estival.

 

Les JDE dans les collections de la FEP

On le voit l’histoire des Journées d’été des écologistes est riche et mérite d’être encore explorée. Pour vous donner envie de la (re)découvrir et pour faire vivre la mémoire du mouvement écologiste, la Fondation de l’Ecologie Politique (FEP) a réalisé en 2016 une publication pour célébrer le 30e anniversaire des JDE sous la forme d’un hommage à Vert contact qui fût dès 1987 la publication papier hebdomadaire des Verts.

Vert contact « A travers l'histoire des JDE »

En outre,  la FEP conserve dans ces fonds (notamment le fonds Guy PHILIPPON, cote 3AM/155) plusieurs types de documents ayant trait au JDE, notamment les programmes et les suppléments quotidien de Vert contact.

Par exemple, le premier Vert contact ayant publié un compte rendu de JDE (le n°121 du 2 septembre 1989 qui revient sur les 4e journées d’été qui se tenaient à Sophia-Antipolis, Valbonne) :

Vert contact n°121

Ensuite, le tout premier numéro du premier journal des jeunes écologistes d’« Ecolo-J », sobrement intitulé La Vache Folle, publié à l’occasion des journées d’été de Saint-Malo en 1994 et dont on se félicite que l’article de politique fiction en page trois ne se soit toujours pas révélé prémonitoire puisqu’il était titré « Les journées d’été n’auront pas lieu » :

La Vache folle n°1

 

Outre ces documents, le fonds Serge RIVRET contient aussi des séries de photographies (numériques et argentiques) prises lors des JDE de la fin des années 1990 et du début des années 2000.

 

Enfin, la Fondation conserve également une vidéo des Journées d'été de Lorient, au cours desquelles la police était intervenue !